Pour Ycare, Montpellier est une date particulière, car c’est la première ville qu’il a connue quand il est arrivé du Sénégal. Celui qui a écrit l’hymne des Restos du Coeur nous raconte comment il est fier d’appartenir à la troupe des Enfoirés et comment il est heureux de revenir à Montpellier. Le chanteur sera au Rockstore le vendredi 16 février.
Dans Des millions d’années, vous étiez en duo avec Zaz, Amel Bent, Joyce Jonathan. Pour Nos futurs, sorti en novembre dernier, c’est Garou, Patrick Bruel, Slimane. Votre truc, c’est quand même le duo ?
C’est ce que le covid a laissé de plus beau. C’était une solitude imposée qui m’a amené à rêver au collectif, à chanter avec des gens. J’ai fait des rêves fous. J’avais Ibrahim Maalouf aussi, Tiken Jah Fakoly sur le premier volet, et le second n’était pas prévu. Le second c’était censé être une réédition avec un ou deux duos, et finalement il y a eu toutes ces rencontres pendant la promo, les concerts, les émissions de télé où j’ai rencontré des Claudio Capéo, des Mentissa. On a eu le temps de faire ça très rapidement.
Comment choisissez-vous vos complices ? Ce n’est pas seulement deux générations qui séparent Adamo de Clara Morgane ?
Ça a été le cas pour mes origines. Je suis libanais d’origine. Je suis né au Sénégal. J’ai grandi en France. Le fil : c’est la francophonie. Dès lors qu’on est tous autour de cette merveilleuse langue, il y a zéro frontière. Qu’il s’agisse de Clara Morgane ou d’Adamo de l’autre côté. On parle français. On fait de la variété française, et même des variétés françaises. C’est notre richesse. On peut s’amuser à faire plein de choses dans cette langue.
On n’écrit pas les mêmes choses aussi. C’est ça qui est peut-être intéressant pour vous ?
Oui. C’est soit la rencontre qui a convoqué la chanson, qui me l’a fait écrire ou l’inverse. Parfois j’écris une chanson et je me demande qui serait le plus intéressant pour partager ce morceau. Ça se fait dans les deux sens.
Chaque fois, vous laissez une chanson en solo. C’est un peu ce qui vous attend au Rockstore ? À moins que vous ayez des invités ?
Non il n’y aura pas d’invités. Il y a ce duo que je partage avec les gens depuis le début. C’est avec eux. On fait ça ensemble. C’est mon plus beau duo depuis 15 ans après tout.
Vous aimez écrire pour les autres. Vous ne vous dites pas parfois, « tiens, ce morceau je l’aurais bien gardé pour moi » ?
Je pourrais faire ça avec quasiment toutes les chansons mais vraiment il y a une philosophie qui se dégageait de cet exercice-là. Parce qu’en même temps que ces gens rentraient dans ma vie et venaient m’accompagner sur des morceaux, ils me guérissaient. C’est pour ça que je finis les albums seul. C’est comme un constat finalement. Tu te retrouves seul face à toi-même, avec un costume à ta taille. C’est moi d’aujourd’hui qui parle au moi d’avant. Celui qui a arpenté les rues de Montpellier en allant à la fac de droit. Celui qui rêvait.
Montpellier est la première ville française que vous avez connue. Ça fait du bien d’y revenir ?
C’est assez dingue parce que je suis venu il y a 2 ans au Rockstore. Je viens assez régulièrement pour les tournées. Chaque fois que j’arrive à la gare Saint-Roch, je marche, je remonte, je fais toute la Comédie. Je laisse tout le monde partir à la salle et je fais mon petit pèlerinage tout seul jusqu’à Antigone, en face de la médiathèque, la résidence Atrium , là où j’habitais. Je repasse devant cet appartement. Je me souviens de l’empreinte que mes rêves ont laissée. J’avais de très grands rêves. L’adulte que je suis en a mais d’une nature bien différente. Mais c’est un vrai bonheur à chaque fois, un vrai plaisir. C’était un moment charnière de mon existence. J’arrivais en France avec tout ce que cela constituait pour moi. Ayant grandi au Sénégal, j’arrivais dans ce pays. Quand je suis arrivé en France tout est devenu matière. Tout est devenu quelque chose. Il y avait tout pour moi et tout était possible, parce que ce pays t’offre ça. La chance de pouvoir tout faire si tu te donnes les moyens.
C’est même ici que vous avez fait votre premier concert, devant trois personnes. Vous avez fait du chemin.
C’était rue de l’Université, le Collectionneur. Mais ça n’existe plus. C’était Alain et Florence. Je parle toujours avec eux. Ils sont invités à vie à tous mes concerts. Je n’avais pas tout le temps des sous, donc ils m’offraient le café. Je leur avais dit que je voulais jouer dans ce café et c’est vrai qu’il y avait 3 personnes. Eux et moi. J’avais fait des tracts. J’avais imprimé en jaune. Ycare s’écrivait Ykare à l’époque. Personne n’est venu.
Ça a été quoi le moment le plus le plus fort pour vous ? Remplir l’Olympia ?
Non. C’est lorsque j’ai réussi à ne plus avoir besoin de me remplir moi de mauvaises choses pour me sentir vivant. Quand je suis arrivé ici, j’avais la vie d’étudiant. J’allais au Fizz. Il y avait plein d’endroits où aller comme La Dune. Il y avait le soleil. On faisait tout le temps la fête. La fête qui déborde sur la vingtaine et puis sur la trentaine et après qui devient un mode de vie un peu dangereux. Finalement la plus belle victoire c’est d’avoir arrêté de boire, de faire la fête. Ce n’était plus la fête. C’était devenu une espèce de gymnastique macabre et nulle, d’autosabordage.
Maintenant, vous avez un corps sain, vous êtes marié.
J’ai écrit un livre qui parle de ça qui va sortir en octobre chez Plon. Je l’ai fini hier. Ce sont des fragments. C’est un peu le parcours de comment on arrive ici avec sa sensibilité. Comment elle peut se retourner contre soi si on n’est pas prudent en se fiant à de fausses étoiles polaires. En suivant de mauvaises boussoles.
2024, c’est une nouvelle direction, avec une arrivée dans la troupe des Enfoirés dont vous avez écrit l’hymne Jusqu’au dernier. Comment ça s’est passé ?
C’est incroyable. Avec Patrick Bruel, on était en train d’enregistrer notre chanson et il me dit « j’aimerais proposer une chanson pour Les Restos, ce serait bien qu’on essaie de proposer quelque chose, essaie de penser à un texte et vois comment on fait ». Et puis je vois un camion des Restos dans un très beau quartier de Paris et il y a une très longue file d’attente dans le froid et ça m’a bouleversé. J’ai pris ça pour un message. Je suis allé écrire et cette chanson est née. C’est une des choses dont je suis plus fier aujourd’hui. C’est d’avoir fait ce don-là. Cette chanson pour Les Restos qui m’ont accueilli en leur sein. C’est un honneur pour moi et c’est une responsabilité. Je prends ça avec beaucoup de sérieux Les Enfoirés. Plus que mes propres concerts. C’est quelque chose d’important parce qu’il s’agit de la vie des autres. Il ne s’agit pas de nous. Il ne s’agit pas de venir fanfaronner. Alors, il faut s’amuser pour divertir les gens et récolter des fonds. Oui, c’est vrai qu’on a l’air de s’amuser. Mais le travail est fait derrière et les quelque 171 millions de repas sont distribués.
C’est une longue route que vous prenez là maintenant avec les Restos du cœur ?
Tant que je serais utile à faire ça, je serais en France en train de chanter. Si je suis utile à servir la soupe, je servirai la soupe. Il ne faut pas prendre la lumière pour une destination pour ce qu’elle n’est pas. Ça a été longtemps mon erreur. « Je vais être un chanteur connu ». Ça, c’est quand j’étais jeune ici à Montpellier. Aujourd’hui, si je dois être connu, il faut que ce soit utile, sinon ce n’est pas la peine.
Qu’est-ce que vous attendez de ce concert au Rockstore ?
Qu’il soit différent d’il y a un an et demi. J’ai vu Tiken Jah Fakoly chanter. c’était mon idole et on a fini par faire un duo ensemble. J’ai demandé à y rejouer parce que j’adore cet endroit et je sais que c’est une ville très jeune. Je ne fais pas beaucoup de concerts debout. C’est rare pour moi. Donc c’est un des rares debout que je fais. J’ai envie de plus de communion. Parce que c’est ce que je fais après les concerts. Je reste 2 h avec les gens. On parle. Ce n’est pas que pour faire des selfies. C’est prendre le pouls de l’humanité lors de ces concerts en région. Montpellier c’est comme revenir à la maison faire ce que ce que je pense savoir faire.
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