REPORTAGE. Aux Restos du cœur, « fêtes ou pas fêtes, les gens ont toujours faim

« Il y a du poisson, du riz aussi ! Vous en voulez ? » En cette fin d’année, Françoise est sur le pont. Affairée à servir des lots de nourriture aux personnes dans le besoin, cette bénévole des Restos du cœur, déroge à la supposée trêve des fêtes de fin d’année. Devant son étal, où sont stockés les produits frais, les bénéficiaires défilent, tour à tour, leurs sacs remplis de légumes, boîtes de conserve ou produits laitiers. « Pour les fêtes, on a aussi reçu de bonnes choses à distribuer. Du magret de canard, des pains surprises, du pâté en croûte et même du homard ! » nous montre la retraitée, bénévole aux « Restos » depuis douze ans.

Pas de trêve pour les fêtes

Prévues trois fois par semaine, dans un local de l’association situé au nord de Rennes, ces distributions de nourriture attirent les foules. De plus en plus nombreuses et aux profils de plus en plus diversifiés. « Près de 45 % des personnes accueillies ont moins de 26 ans, déplore Pierrick Armand, le trésorier départemental de l’association en Ille-et-Vilaine. Il y a des femmes seules avec leurs enfants, de jeunes travailleurs à temps partiel, des étudiants, étrangers ou non. »

Chaque bénéficiaire doit montrer sa carte aux bénévoles. Elle est délivrée après une inscription préalable dans un centre. | MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE

Chaque bénéficiaire doit montrer sa carte aux bénévoles. Elle est délivrée après une inscription préalable dans un centre. | MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE

En ce mercredi 28 décembre, la distribution, prévue entre 13 h 30 et 17 h 30, est « réservée » aux familles nombreuses. « Quatre, cinq, six membres et plus », explique-t-on à l’entrée. À l’extérieur du local situé au nord de Rennes (Ille-et-Vilaine), la file d’attente s’étire, malgré le froid. Parmi les quelque 250 familles attendues dans l’après-midi, Kastrati Orhan, 36 ans, père de quatre enfants est venu avec sa femme, comme chaque semaine depuis près de six ans. « On nous a distribué des frites, des cordons-bleus, des madeleines, se satisfait-il, à quelques jours du réveillon, les bras chargés, presque débordants de denrées alimentaires. Cela va nous permettre de tenir quelques jours. Deux, peut-être trois, avec le réveillon du 31 décembre. On va essayer de partager notre nourriture avec des amis, ou de la famille. »

« On n’est pas sortis de la difficulté »

Près de quatre mois après l’appel à l’aide lancé par Patrice Douret, président de l’association, la catastrophe semble, pour le moment, avoir été évitée. Début septembre, sur le plateau de TF1, il tire la sonnette d’alarme, assurant que l’association n’aura pas les moyens d’accueillir tout le monde pendant l’hiver : « En un an, on a distribué 170 millions de repas, c’est 30 millions de plus que l’année précédente. Il faut un plan d’urgence alimentaire. »

En cause, l’augmentation croissante des demandeurs bénéficiaires, la baisse constatée des dons et parfois même, des denrées reçues à date limite de consommation. Dans ce cas-là, des kilos de nourritures sont jetés par les bénévoles. « Après l’appel de notre président, on a connu un petit regain de générosité de la part des particuliers, là où les dons avaient un peu diminué depuis le Covid, constate, partiellement soulagé, Pierrick Armand. Mais ce n’est pas suffisant. On n’est pas encore sortis de la difficulté. Si l’on n’agit pas, on sait que le modèle économique des Restos du cœur ne survivra pas. »

« Compliqué de devoir dire non »

Même pendant les fêtes, les bénévoles sont sur le pont. | MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE

Même pendant les fêtes, les bénévoles sont sur le pont. | MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE

À l’approche des fêtes, la situation aurait pu empirer mais finalement, l’association va passer l’hiver : « La situation n’est pas si différente pendant cette période de réveillons. » Les choses se dégradent cependant sur le long terme, depuis plusieurs années. À tel point que cet hiver, près de 150 000 personnes se sont vues refuser leur accès à l’aide alimentaire en France : devant l’afflux de demandeurs, l’association avait été obligée de durcir ses conditions d’accueil (composition de la famille et ressources financières). « On essaie tout de même de leur donner un petit panier, pour ne pas qu’ils repartent les mains vides, chuchote un bénévole. Mais c’est compliqué pour nous de devoir dire non. On n’a pas été recrutés pour cela. Alors, on aiguille les gens vers d’autres services offerts par l’association : coiffeur, séances d’informatique, soins dentaires… »

Les bénévoles trient les denrées à leur arrivée au local des Restos du cœur, le matin. | MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE

Les bénévoles trient les denrées à leur arrivée au local des Restos du cœur, le matin. | MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE

Lire aussi. « Sans les Restos du cœur, on n’y arriverait pas »

Et pour les plus démunis – « les gens de la rue » – l’association a prévu de distribuer des repas chauds, lors de maraudes organisées à Rennes et dans d’autres grandes villes de France, les soirs de Noël et du 1er janvier. « Fêtes ou pas fêtes, les gens ont toujours faim. Aider de façon inconditionnelle, de manière gratuite, était la condition de départ, on la maintient », assure le trésorier de l’association. Dépasser, encore un peu plus, le chacun pour soi.

Le but de les-enfoires.net est de rassembler en ligne des données autour de Le réseau des Enfoirés puis les présenter en tâchant de répondre du mieux possible aux interrogations du public. Cette chronique est générée du mieux possible. S’il advenait que vous décidez de présenter des renseignements supplémentaires à cet article sur le sujet « Le réseau des Enfoirés » il vous est possible d’écrire aux contacts indiqués sur notre site web. Ce texte a été trié par la plateforme les-enfoires.net sur le web pour la raison qu’il apparait dans les colonnes d’un blog voué au thème « Le réseau des Enfoirés ». D’ici quelques heures, on publiera d’autres annonces sur le sujet « Le réseau des Enfoirés ». Alors, consultez systématiquement notre blog.