Ci-dessous un tout nouvel article qui va compléter notre revue de presse sur « Actualité française ».
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Titre exacte donné par le journal était: La plus vieille « carte préhistorique » au monde a-t-elle été découverte en Île-de-France ?
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Nos lointains ancêtres recouraient, comme nous, à des cartes pour se repérer dans leur environnement. Plusieurs plans gravés ont été identifiés ici et là à travers le monde. En France, l’un de ces plans les plus célèbres figure dans les réserves du musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye depuis 1924. Il s’agit de la dalle de Saint-Bélec, retrouvée en Bretagne au début du XXe siècle.
Une autre de ces cartes a été repérée en 2005 sur un rocher du Mont-Saint-Michel. Vieilles de quatre millénaires, ces représentations d’espaces géographiques ne sont pas des cas isolés. Un article publié dans le prestigieux Oxford Journal of Archaeology, en décembre dernier, évoque ainsi l’existence d’une autre carte de ce type dans un abri-sous-roche à seulement 60 km au sud de Paris.
Les auteurs de cette publication, Médard Thiry et Anthony Milnes, respectivement chercheurs à l’école des Mines de Paris et à l’université Adelaide (Australie), y expliquent avoir identifié une représentation tridimensionnelle de l’espace datant de près de quatorze millénaires. Ce qui en ferait le plus vieux plan de l’histoire de l’humanité.
Un site préhistorique connu
L’étude des deux scientifiques porte sur un rocher gravé situé dans la grotte de Ségognole au cœur du massif forestier de Fontainebleau. L’endroit est connu pour ses monumentaux amas de grès sur lesquels s’entraînent les amateurs d’escalade. Trois grottes y ont été habitées à l’époque paléolithique comme en témoignent des gravures rupestres, découvertes dès 1860.
À LIRE AUSSI Sur les traces des tout premiers EuropéensCes œuvres datées du mésolithique représentent des chevaux mais aussi ce que les paléontologues pensent être un sexe féminin, taillé dans la roche, et qu’ils ont surnommé « l’origine du Monde » en référence au tableau de Gustave Courbet exposé au musée d’Orsay.
Un programme de recherche coordonné par le préhistorien Boris Valentin, professeur d’archéologie à l’université Panthéon Sorbonne, a émis l’idée que ces gravures seraient l’œuvre de chasseurs-cueilleurs qui avaient établi là des campements stratégiques en bordure de la Seine, sur les routes migratoires des grands gibiers.
Témoignages des chasseurs-cueilleurs
Près de ces dessins, Médard Thiry et Anthony Milnes ont repéré, en 2017, des éléments sculptés mélangés à des traces d’érosion naturelle qui leur sont apparus comme une représentation miniature du paysage, gravée dans le sol. L’usure des motifs rend difficile la lecture de ce schéma. Mais, d’après les chercheurs, il s’agirait d’un relevé des cours d’eau de la région.
À LIRE AUSSI Jean-Jacques Hublin : « L’étude de la préhistoire a fait des bonds de géant depuis Lucy ! » Selon eux, on y distingue plusieurs éléments géomorphologiques significatifs : des platières rocheuses avec mares, une rivière avec des bras multiples évoquant les marécages qui occupaient les lieux avant d’être drainés, un bassin pouvant correspondre à un étranglement de la vallée actuelle et une autre zone de collecte de l’eau, plus basse.
Plan pour la chasse ?
Cette représentation tridimensionnelle du réseau hydrographique local pourrait avoir servi à marquer un territoire, planifier des chasses, voire transmettre des connaissances. Elle révélerait, selon Médard Thiry et Anthony Milnes, une compréhension fine de l’environnement.
À LIRE AUSSI Grottes préhistoriques à vendre dans la vallée de la VézèreLa symbolique de ce schéma confirmerait surtout l’intelligence des membres des sociétés préhistoriques. Cette découverte, qui combine expertise en géomorphologie, en géologie des altérations et en archéologie, ne fait pourtant pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique.
Sujet de dispute scientifique
Le préhistorien Boris Valentin a émis de nombreuses réserves sur l’interprétation que les deux auteurs de l’article font de cette gravure. « Rien dans [leur] publication ne prouve que les fentes ont été creusées par des humains. Et si on arrivait à le démontrer, second problème, aucune clef d’interprétation n’existe pour ce genre d’entrelacs. Le géologue propose des rapprochements visuels approximatifs avec la géographie locale. Mais ce pourrait être tout aussi bien la description des vaisseaux sanguins d’un animal dépecé par les chasseurs-cueilleurs, d’un filet pour la chasse, d’une végétation », a-t-il déclaré.
Médard Thiry réfute en bloc les arguments de ce paléontologue. Selon lui, le réseau a été analysé et sa nature évaluée en détail. Dans un long droit de réponse, publié sur la revue en ligne « Hominidés », le géologue indique ainsi que « les géométries des connexions (en particulier les courbes dans les fissures) ne sont pas des connexions de fractures naturelles : celles-ci sont droites et ne dévient pas en se rapprochant d’une autre fracture, comme explicité dans la partie méthodologie ».
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Il ajoute que « les sillons qui entourent les monticules de grès quartzitique du plancher ne peuvent pas être dus à des érosions par des écoulements naturels d’eau car, si c’était le cas, elles ne circonscriraient pas les monticules mais en divergeraient selon la plus forte pente. Les sinuosités des sillons recoupent en outre d’éventuelles fractures qui sont rectilignes à cette échelle ».
Le chercheur du centre de géosciences de l’école des Mines et de l’université Paris Sorbonne conclut en soulignant avoir « détaillé huit relations structurales spécifiques entre les chemins d’écoulement de l’eau et les reliefs au plancher de l’abri et les [avoir] comparés à huit traits structuraux similaires de la géographie locale. Ce sont huit points de similitude dont certains se répètent plusieurs fois ».
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