Actualités France: Salman Rushdie a témoigné au procès de son agresseur présumé #France

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Salman Rushdie avait beau être placé sous haute protection policière depuis trente-cinq ans en raison d’une fatwa décrétée contre lui par l’ayatollah Khomeini, il a bien failli être tué dans une attaque au couteau le 12 août 2022, lors d’une rencontre littéraire sur la protection de la liberté des écrivains à la Chautauqua Institution, dans l’État de New York.

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Le procès de son agresseur s’est ouvert lundi à Mayville, près de la frontière avec le Canada. Mardi, l’auteur de 77 ans, dont les écrits sont jugés blasphématoires par certaines autorités religieuses de l’islam, s’est retrouvé pour la première fois depuis l’attaque face à celui qui voulait sa mort, Hadi Matar, un Américano-Libanais de 23 ans qui a grandi aux États-Unis. À la barre, Salman Rushdie a évoqué la violente agression qu’il a subie et qui lui a coûté un œil.

À LIRE AUSSI Salman Rushdie : « Maintenant que j’ai failli être tué, les gens sont si affectueux » « Je criais à cause de la douleur », a-t-il précisé en décrivant la blessure à l’œil droit qui l’a privé partiellement de la vue. Le blessé a montré ensuite aux jurés l’orbite vide sous le cache-œil qu’il porte depuis l’attaque.

« Tout s’est passé très vite »

D’une voix claire, l’écrivain avait auparavant décrit la scène, telle qu’il se la rappelait. Alors qu’il était assis face au coprésentateur Henry Reece et au public, « l’agression a commencé », a-t-il alors raconté.

« Je me suis rendu compte qu’une personne (portant des vêtements sombres) se précipitait sur moi depuis ma droite, a poursuivi Salman Rushdie. J’ai été frappé par ses yeux qui m’ont semblé sombres et très féroces. Il m’a frappé très fort au niveau de la mâchoire et du cou. J’ai d’abord pensé qu’il m’avait frappé avec son poing, mais peu après, j’ai vu une grande quantité de sang couler sur mes vêtements. Il m’a frappé à plusieurs reprises. Il me frappait et me tailladait. »

La lame faisait 15 cm. « Il m’est venu à l’esprit que j’allais mourir », a admis l’auteur des Enfants de minuit devant la cour, avant de détailler l’agression : « Tout s’est passé très vite. J’ai été poignardé à plusieurs reprises, et plus douloureusement dans l’œil. J’ai lutté pour m’enfuir. J’ai levé la main pour me défendre et j’ai été poignardé à travers ma main. »

À LIRE AUSSI Samuel Paty, ou le procès des fatwasLes blessures au torse, à l’abdomen, à la tête, au cou et à la cuisse ont été tellement graves que Salman Rushdie a dû passer plus de deux semaines dans un hôpital, puis plus de trois semaines dans un centre de rééducation pour réapprendre à, notamment, presser un tube de dentifrice. Dans Le Couteau, publié le 18 avril chez Plon, il raconte sa convalescence et les séquelles de la tentative d’assassinat.

L’accusé a plaidé non coupable

Lors d’un contre-interrogatoire, Salman Rushdie a évoqué qu’il avait eu de faux souvenirs, comme celui de s’être levé pour se protéger du tueur. Durement éprouvé dans sa chair et vivant dans l’insécurité permanente depuis plus de trois décennies, l’auteur américano-britannique d’origine indienne a soutenu le point de vue de la défense, à savoir le droit à un procès avec jury et le droit à une procédure régulière.

Hadi Matar, accusé de « tentative de meurtre et agression au second degré », a donc le droit de plaider « non coupable », ce qu’il a fait. Selon le quotidien britannique The Guardian, il a marmonné le slogan du Hamas (« De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ») lorsqu’il a été conduit lundi 10 février au tribunal. En entrant dans la salle d’audience, menotté, il a prononcé les mots « Palestine libre ».

L’avocate de l’accusé, Lynn Schaffer, a déclaré aux jurés que la culpabilité de son client n’était pas aussi limpide que ce que montraient les vidéos qu’utilisera l’accusation. L’attaque avait été filmée, et plus de mille personnes se trouvaient dans la salle. « Rien n’est aussi simple dans la vie », a-t-elle ajouté.

Il veut profiter de sa « vie de rattrapage »

Aucune référence à la fatwa lancée par l’ayatollah Khomeini, le défunt chef suprême de l’Iran, n’a été faite et les procureurs estiment qu’ils obtiendront sa condamnation sans cela. Le procès devrait durer deux semaines. Le prévenu encourt une peine de 25 ans de prison et une autre de 7 ans.

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L’accusé est, en effet, également poursuivi pour « terrorisme fédéral, terrorisme transcendant les frontières nationales, soutien matériel à des terroristes et tentative de soutien matériel à une organisation terroriste » (le Hezbollah), mais cet autre acte d’accusation fera l’objet d’un procès ultérieur, au tribunal de district des États-Unis à Buffalo. Ses motivations idéologiques y seront sans doute examinées.

Salman Rushdie, lui, ne veut pas se laisser abattre. Après avoir vu la mort de près, amoureux de sa femme, la poétesse et plasticienne Rachel Eliza Griffiths, il souhaite profiter de sa « vie de rattrapage ».

Salman Rushdie a témoigné au procès de son agresseur présumé

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