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Ceci a été publié par Le Point – Politique
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Titre exacte donné par le journal était: Gabriel Attal menacé par les Républicains ?
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Gabriel Attal fêtera-t-il Noël à Matignon ? Bien malin qui peut répondre à cette question. Nommé le 9 janvier, le plus jeune Premier ministre de la Ve République sait pertinemment que son bail peut prendre fin prématurément à tout moment. Plus qu’Édouard Philippe, Jean Castex ou Élisabeth Borne, il vit sous la menace permanente d’une guerre nucléaire déclenchée à l’Assemblée par la droite, qui pourrait mettre fin brutalement à ses fonctions. L’idée démange les Républicains. Depuis la présidentielle de 2022, ils n’ont jamais appuyé sur le bouton de l’arme atomique, la motion de censure. Après des mois de tergiversations, le parti a acté sa décision : rien ne le fera plus reculer, il est déterminé à appliquer la politique de la terre brûlée. « Éric Ciotti est décidé à y aller. Il ne faut pas négliger l’impact qu’a eu chez lui le débauchage de Rachida Dati », décrypte une figure du parti.
Reste maintenant à savoir sur quel motif et quand. Pour dénoncer l’état calamiteux des finances publiques et la menace de hausses d’impôts ? Avant les européennes du 9 juin ou après, à l’occasion de l’examen d’un possible budget rectificatif au Parlement cet été ? Beaucoup à droite jugent le calendrier prématuré à ce stade et préféreraient attendre l’automne, lors du débat sur le budget pour 2025, d’autant que Gabriel Attal garde une certaine aura dans l’électorat de droite et ne subit pas encore dans les sondages l’érosion qui frappe tout locataire de Matignon.
Une commission d’enquête tactique
Le danger pour la droite, en dégainant cette carte maîtresse trop tôt, est en outre de donner l’impression de céder à un coup politicien. Au sein du parti, beaucoup plaident pour laisser du temps au temps pour installer dans l’opinion un « récit » afin qu’une motion de censure soit comprise et pas perçue comme pure tactique. « La question la plus importante, c’est comment on explique aux Français ce qu’on fait pour ne pas être accusés de créer du chaos et du désordre. Et il faut qu’on réfléchisse à ce qu’il se passe le jour d’après ! » analyse un ténor. D’où la création par LR d’une commission d’enquête parlementaire sur l’aggravation de la dette publique, afin de créer un climat propice au débat.
Pour la droite, c’est la quadrature du cercle : dégainer la censure trop tôt au risque de sombrer dans la politicaillerie, ou trop tard avec le danger de rater le coche. Deux dates sont particulièrement dans le viseur de la droite : la décision des agences de notation Fitch et Moody’s le 26 avril, puis Standard & Poor’s le 31 mai, de dégrader ou non la note de la France, ce qui offrirait un prétexte idéal. « Mais la censure n’a d’intérêt que s’il y a une dissolution derrière, et je ne vois pas Macron dissoudre avant les JO », tempère un conseiller politique du parti.
Larcher à Matignon ?
Or, il y a de fortes chances qu’une motion de censure déposée par les Républicains puisse être adoptée avec les renforts des voix du RN et d’une partie de la gauche. Une bombe politique : ce serait la deuxième fois seulement sous la Ve République qu’un gouvernement tombe – sur près de 130 motions de censure – après celui de Georges Pompidou en 1962. En 1992, le gouvernement du socialiste Pierre Bérégovoy avait échappé à la censure à trois voix près. Et celui d’Élisabeth Borne à neuf voix sur la réforme des retraites. Mais quelles seraient les conséquences immédiates ? Emmanuel Macron renommerait-il dans la foulée Gabriel Attal, fragilisé et à la merci d’une nouvelle censure ? Désignerait-il un nouveau gouvernement, et avec qui ? Ou déclencherait-il la foudre de Jupiter en provoquant une dissolution de l’Assemblée, comme le fit le général de Gaulle en 1962 en mesure de rétorsion ? Et qui gagnerait des législatives anticipées ? Certainement pas la droite, qui pourrait voir son groupe de 61 députés réduit à la mode Jivaro. Car, sur le papier, c’est le RN qui aurait toutes les chances d’écraser le match dans les urnes. Le parti à la flamme a fait ses pointages et estime être en mesure de récolter « jusqu’à 270 sièges », selon un cadre. Soit quasiment la majorité. Dans l’hypothèse d’une dissolution, le parti de Marine Le Pen travaille donc activement à la recherche de « partenaires », à savoir des candidats contre lesquels il ne mettrait pas d’adversaire, « pour ramener 30 à 50 circonscriptions » dans son giron.
Si une motion de censure était votée, Emmanuel Macron aurait plusieurs options. La première, baroque : appeler le chef du RN Jordan Bardella ou une figure de son parti à Matignon, ce qui ne ferait pas nécessairement les affaires de Marine Le Pen en vue de la présidentielle. Deuxième hypothèse, activement recherchée par la droite : un accord de coalition avec LR, auquel le président s’est jusqu’ici refusé. « Les Républicains veulent lui imposer une cohabitation, ils veulent prendre le pouvoir », relève un stratège de gauche qui observe ces manœuvres avec intérêt et ne voit, dans ce cas, qu’une personnalité pour Matignon : le patron du Sénat Gérard Larcher. Lors d’un conseil stratégique de LR, le chef des députés Olivier Marleix a alerté sa famille politique sur la nécessité de préparer l’éventualité d’un retour aux affaires : « Il faut prévoir le gouvernement à l’arrivée. » Ultime scénario, en cas de tsunami électoral qui verrait une vague RN déferler : démissionner pour provoquer une présidentielle anticipée. Un scénario catastrophe que des « visiteurs du soir » lui ont plusieurs fois murmuré à l’oreille. De la politique-fiction, à ce stade, mais ces scénarios tournent dans la tête de nombre d’élus. Le double quinquennat Macron n’a sans doute pas fini de nous surprendre.
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